L'un des plaisirs de l'hiver est de faire, le soir, une bonne flambée dans la cheminée.
Les souches mortes ramassées dans nos vignes sont idéales pour lancer le feu parce qu'elles prennent facilement et font une première braise sur laquelle poser les buches.
Il y a quelques hivers, j'en avais jeté dans l'âtre comme d'habitude et, le lendemain matin, en nettoyant le foyer, je suis intriguée par un curieux bruit métallique. Je cherche avec un tisonnier et ... oui ... il y a bien quelque chose que je sors avec les pincettes. Je découvre deux anneaux de fer reliés l'un à l'autre. Ce curieux assemblage est très vieux, rouillé, et un peu déformé par le feu.
Intriguée, j'appelle Jean-Claude qui ne tarde pas à reconnaître les éléments des anciens harnachements des chevaux tirant les charrues. Comment se sont-ils retrouvés dans la cendre de notre cheminée ? Nous restons perplexes puis échafaudons l'explication la plus plausible.
Certaines parcelles de nos vignes ont été plantées il y a soixante ou, même quatre-vingts ans par François, le grand-père de Jean -Claude.
L'entretien du vignoble se faisait, à l'époque, en guidant la charrue tirée par un solide percheron.
Nous avons donc imaginé, qu'un beau jour, François avait rencontré un problème dans la vigne. Peut-être avait-il dételé, ou bien une bride du harnachement s'était cassée pour que les deux anneaux métalliques tombent. Bien difficile de les retrouver sous les cailloux, entre les herbes; surtout s'ils étaient tout bonnement tombés entre les bras d'une souche, camouflés, invisibles.
François les a probablement longuement cherchés; tout était précieux en ces périodes de recyclage nécessaire.
Finalement oubliés là, c'est la souche elle même qui, année après année, les a emprisonnés, les enfermant au cœur de son bois... jusqu'à ce fameux soir où notre feu les a enfin délivrés.
Nous les gardons précieusement, facétieux petit trophée reliant les générations!
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